mercredi 11 décembre 2019

Complément sur Višegrad

Višegrad (Rép. Serbe de Bosnie) septembre 2019

Deux analyses sur le livre d'Ivo Andrić "Le pont sur la Drina" l'une de Marcel Brion et l'autre de ZélieWaxin.


*

Plus récent le livre « Le soldat et le gramophone » de Saša Stanišic raconté par un enfant, Aleksandar, qui vécut à Višegrad avant de partir en exil en Allemangne au moment de la guerre des années 90 dans les Balkans.  Il reviendra plus tard visiter sa grand-mère et revivre ses souvenirs.


…« Elle (la rivière Drina) l’avoue, oui elle connait la peur. Elle défie le froid et l’hiver et les pluies de l’automne ne la bouleversent pas, mais elle a peur des coups de feu nous contaminent nous aussi et nous donnent la guerre. Elle se plaint au rocher, elle en a subi, des guerres, plus horribles les unes que les autres. Elle en a charrié, des cadavres, et tant de ponts qui ont sauté reposent pour toujours au fond de son lit. Je dois la croire, dit-elle, et ses eaux se troublent sur la rive, rien au monde ne souffre tant qu’une pierre de pont privée de son pont. En plus, elle n’a jamais réussi à se cacher et n’a jamais pu fermer les yeux devant aucun crime. Disant cela, elle écume de colère, je n’ai même pas de paupières ! Je ne connais jamais le sommeil, je ne peux sauver personne, je ne peux rien empêcher… Quand je tombe amoureuse, je n’embrasse pas, et quand je suis heureuse, je n’enfonce pas les touches de l’accordéon. Oui Aleksandar, en voilà du regard, du regard en pure perte. »…





vendredi 15 novembre 2019

Šarganska osmica/Huit de Sargan


Le huit de Sargan, Mokra Gora, Serbie, septembre 2019

De Mokra Gora à Šargan-Vitasi (une quinzaine de kilomètres)


Un détail du parcours


En fait ce train a déjà une longue histoire:

L’Empire austro-hongrois occupa en 1915 cette partie de la Serbie, il possédait déjà la Bosnie. L'ordre est donné en 1916 de commencer les premiers travaux d'une voie de chemin de fer stratégique à l'aide de prisonniers Russes et Italiens. Malheureusement, peu de temps après, 200 prisonniers trouvent la mort dans un terrible accident de tunnel sur la colline de Budim (?) et les travaux sont arrêtés.

Les travaux reprennent en 1921 commandités par le roi Serbe.
La voie faisant partie de celle reliant Belgrade à Sarajevo (entre Serbie et Bosnie) a été construite pour relier les villages autour de Mokra Gora . Pas moins de 22 tunnels sur ce parcours en huit pour venir à bout de la dénivellation de 300m.

Personne ne montait ni ne descendait à la gare de Jatare qui ne servait que de gare d'aiguillage.

Le train voyageur, nommé le Cira à l'époque, fonctionna jusqu’en 1974 lorsqu’il fut déclaré non rentable.

Entre 1999 et 2003 la voie de chemin de fer enter Mokra Gora et Sargan Vitasi est déblayée et reconstruite.  Un circuit touristique est créé avec deux locomotives, sorties de musée, Škoda and Elza.
Le train est prévu pour rejoindre un jour Visegrad.

Bien sûr nous connaissons ce train et cette région grâce au film de E Kusturica « La vie est un miracle » » Život je čudo » tourné en 2002 et 2003 et qui sortit en 2004.  La gare de Golubiči fut construite pour les besoins du film.




“... there the human rates are in the past,
there, there is no world, no Europe.
There both man and bird marvel
at the wondrous Sargan Eight.
They say that's why, remember you must,
Mokra Gora...”

Mihailo Cupovic, poet


* Complément du billet Šarganska osmica.


jeudi 11 juillet 2019

Joie de l'eau, joie du sable

Maleme, Crète,île grecque, septembre 2018

"...Un lis des sables, carné, à pulpe épaisse, crève la terre chaque matin, hisse aussi haut, aussi vite qu'il peut ses calices rigides, son pesant parfum de pêche contuse..."

Colette "Prisons et Paradis, la treille muscate" entre 1928 et 1932 (?)

jeudi 25 avril 2019

Intemporels


Bruges, avril 2019


Les cygnes
Les cygnes blancs, dans les canaux des villes mortes,
Parmi l'eau pâle où les vieux murs sont décalqués
Avec des noirs usés d'estampes et d'eaux-fortes
Les cygnes vont comme du songe entre les quais.
Et le soir, sur les eaux doucement remuées,
Ces cygnes imprévus, venant on ne sait d'où,
Dans un chemin lacté d'astres et de nuées
Mangent des fleurs de lune en allongeant le cou.
Or ces cygnes, ce sont des âmes de naguère
Qui n'ont vécu qu'à peine et renaîtront plus tard,
Poètes s'apprenant aux silences de l'Art.
Qui s'épurent encore en ces blancs sanctuaires,
Poètes décédés enfants, sans avoir pu
Fleurir avec des pleurs une gloire et des nimbes,
Âmes qui reprendront leur Œuvre interrompue
Et demeurent dans ces canaux comme en des Limbes!
Mais les cygnes royaux sentant la mort venir
Se mettront à chanter parmi ces eaux plaintives
Et leur voix presque humaine ira meurtrir les rives
D'un air de commencer plutôt que de finir...
Car dans votre agonie, ô grands oiseaux insignes,
Ce qui chante déjà c'est l'âme s'évadant
D'enfants-poètes qui vont revivre en gardant
Quelque chose de vous, les ancêtres, les cygnes!

Georges Rodenbach (1855-1898)
"Le règne du silence" Receuil de vers 1891